Risque pays: quels risques géopolitiques en 2009?

Nicolas Baverez, économiste, historien, disciple de Raymond Aron, a signé un article dans le Figaro Magazine du 27 décembre 2008 intitulé "2008, l'année de toutes les crises".
Cette année, écrit il, "marque donc la fin d'un cycle économique...creuse les lignes de faille divisant la planète et souligne la vulnérabilité des nations et des continents les plus faibles ".
Les conséquences de la crise financière de 2008, trouvent leurs principales illustrations dans les exemples ci dessous qui trouveront leur prolongement, voire leur expression en  2009:

  • poursuite de la montée du terrorisme: avec les attentats récurrents du Pakistan, de l'Afghanistan et de l'Inde, dont les experts pensent que ceux de Mumbai sont l'équivalent pour l'Inde de ceux qu'ont connus les Etats Unis le 11 septembre 2001.
  • instabilité due à la faiblesse des Etats rongés par des facteurs externes et internes: montée de l'islamisme radical (Pakistan, Irak, Kosovo...), actes de piraterie (Somalie),  guerres civiles (Congo), conséquences de la corruption (Thaïlande), craintes pour la sécurité des états ( conflit israëlo palestinien) etc.

Accusé souvent de pessimisme, Nicolas Baverez ne manque pourtant pas de mettre en évidence que de ce "chaos" va naître un monde nouveau, le "monde multipolaire du XXIème siècle", dont les prémisses se font déjà sentir: naissance de l'Europe comme acteur clé aux cotés des Etats Unis et de la Chine, élection de Barack Obama, élargissement du G8 en G 20 ...


Lutte contre la piraterie maritime: l'Union Européenne s'engage

Aleqm5jnpmcvmmmjxtijscbvqlikywxofa Dans son dernier relevé, l'International Maritime Bureau (IMB)Piracy Reporting Center fait état de plus de 199 actes de piraterie recensés dans les neuf premiers mois de l'année 2008. Au global ce sont plus de 580 membres d'équipages qui ont été pris en otage, 9 tués, 9 kidnappés, 7 disparus, présumés morts.
Devant l'augmentation drastique de ces attaques, l'Union Européenne a décidé de réagir de façon commune en prenant une décision historique, le lundi 10 novembre 2008: la création de l'Opération Eunavfor Atalanta . Elle s'appliquera au golfe d'Aden et à la Somalie, la région la plus sensible pour les navires européens. S'appuyant sur la résolution 1838, rédigée par la France et adoptée à l'unanimité en octobre dernier par les quinze membres du Conseil de Sécurité de l'ONU, qui "appelle tous les Etats intéressés par la sécurité des activités maritimes à prendre une part active dans la lutte contre la piraterie au large des côtes de la Somalie, en particulier en déployant des navires et des avions militaires", les ministres de la Défense de l'Europe ont ainsi décidé la première opération aéronavale de leur histoire.
Cette force, qui complètera le dispositif actuel comme le précise l'article de l' Agence France Presse,  devrait être opérationnelle d'ici le mois de décembre.

L'Allemagne, la France, le Royaume Uni et l'Espagne auraient déjà annoncé leur intention d'y participer.


Risque aérien: consultez la liste des compagnies "noires"!

Illu_home La commission Européenne vient de faire paraitre la dernière mise à jour, en date du 27 juillet dernier, de la liste des compagnies aériennes qui font l'objet d'une interdiction d'exploitation générale dans la communauté" . Cette liste, en même temps qu'un avertissement aux États concernés, est surtout une aide précieuse pour tous les passagers désireux d'avoir des informations officielles sur les compagnies peu sûres.
Cette année encore le continent africain démontre qu'il est le plus affecté par les critiques avec de nombreux pays mis à l'index: République Démocratique du Congo, Gabon, Soudan, Guinée Équatoriale, Angola. L'Asie avec le cas de l'Indonésie est également montrée du doigt tout comme l'Afghanistan et certains pays de l'Europe de l'est, comme la république Kirghize.
A noter la création d'un nouveau site destiné aux voyageurs qui fait un classement actualisé des bonnes et moins bonnes compagnies aériennes, utile dans ces périodes estivales, dont l'intitulé est "securvol, la sécurité des compagnies aériennes dans le monde".


Rapport mondial 2008 sur les drogues: des progrès en trompe l'oeil!

Thumbnail_cover_wdr08 On pourrait se réjouir de certaines des conclusions du rapport 2008 sur les drogues publié par l'Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (UNODC)   en juin dernier.
Mais au delà des conclusions rassurantes (stabilisation à long terme des marchés mondiaux, superficie totale des surfaces consacrées inférieures à celles enregistrées en 1998, stabilité de la demande, endiguement apparent des marchés mondiaux, stabilité des taux de mortalité par rapport aux taux de décès dûs au tabac etc.), l'expression des faits ne peut qu'entretenir des inquiétudes sur l'avenir.
En effet, il convient de noter comme l'exprime dans son introduction le rapport et le communiqué de presse :

  • l'augmentation des cultures du cocaïer et des opiacés,
  • une hausse considérable de la culture mondiale du pavot à opium en Afghanistan et au Myanmar (doublement de la production par rapport à 2005),
  • une hausse apparente des usagers d'opium, cannabis et opiacés,
  • un endiguement menacé du marché mondial,
  • l'évolution des circuits traditionnels d'approvisionnement en raison de la demande forte de cocaïne en Europe et des mesures d'interceptions sur les circuits traditionnels. Il en résulte l'apparition de nouveaux marchés et de nouveaux circuits dans les pays en développement, sur le continent africain en particulier, Afrique de l'Ouest et Guinée Bissau surtout, qui serait devenue une "plaque tournante du trafic de cocaïne" comme le révèle le Figaro dans son édition du 26 juin 2008.

Ce rapport 2008 que l'on peut trouver en français sur le site, présente un intérêt supplémentaire, en dehors de ces conclusions: il détaille les différents types de marchés actuels par spécificité: opium héroïne, coca cocaïne, cannabis, marché des stimulants de type amphétamines (STA): des marchés qui ont, malheureusement, en dépit des efforts des pouvoirs publics internationaux et nationaux pour les éradiquer, de l'avenir.


Risque social: conséquences sociales de la pénurie mondiale de denrées alimentaires

Meutes_de_la_faim_15_04_2008 L'augmentation brutale des prix des matières premières agricoles et donc des produits de première nécessité ont conduit les dirigeants des pays concernés à lancer un signal d'alarme. Dans un article daté du 15 avril 2008, le quotidien français le Figaro dresse la carte (reproduite ci dessus) des pays qui sont déjà atteints par des mouvements sociaux qui ne pourraient qu'augmenter si des mesures drastiques ne sont pas prises comme l'exprime le directeur général de l'Organisation des Nations Unies pour l'Alimentation et l'Agriculture (F.A.O), cité dans l'article:" les émeutes de la faim risquent de s'étendre si les dirigeants mondiaux ne prennent pas de mesures radicales".
Les causes de cette crise sont multiples: augmentation du cours du riz (plus de 40% en trois jours), hausse mondiale du prix des  céréales,  pénurie de pain,  production massive de bioéthanol  par les américains, décision de certains pays producteurs de réduire leurs exportations.
Toutes les régions du monde sont touchées:

  • le Moyen Orient et l'Afrique: Jordanie, Egypte, Mauritanie, Sénégal,
  • l'Asie: Thaïlande, Cambodge,
  • l'Amérique du sud et Amérique centrale: Argentine, Salvador, Nicaragua, Guaremala, Haïti.

Des éléments plus précis sont exposés dans l'édition des Echos  du 18 avril  et auparavant du 11 avril et du 16 avril.
Pour tenter de résoudre la crise, le secrétaire général de la FAO a convoqué à Rome un sommet mondial sur la sécurité alimentaire  du 3 au 5 juin prochain.


Evaluation de la menace: les contraintes sécuritaires imposées par les Etats Unis exaspèrent les entreprises de transport

Srete_securite_transports_4697006 Deux aspects sont à considérer dans l'analyse intitulée "Sûreté et sécurité freinent l'acheminement"parue dans le quotidien économique français les Echos. Dans son dossier transports du mardi 11 mars 2008, l'auteur met en évidence d'une part les procédures qui obligent les transporteurs à appliquer des mesures de plus en plus drastiques, d'autre part les menaces qui pèsent sur les "chaînes d'échanges mondialisées".
Un constat tout d'abord: ces règles sont imposées par les États Unis et s'apparentent de plus en plus à "des barrières non tarifaires ". Ces mesures, résume dans son éditorial Philippe Bonnevie, délégué général de l'Association des Utilisateurs de Transport de Fret (AUTF), "...pénalisent la compétitivité de nos industries par des surcoûts logistiques et surtout détériorent la qualité de service due par les industriels à leurs clients".
Deuxième constat: cette règlementation s'applique à tous les transporteurs, maritimes, routiers et aériens au travers de textes qui s'imposent pour le transport maritime à 148 pays et pour tous les pays adhérents à l'Organisation de l'Aviation Civile Internationale (OACI) pour le transport aérien, relayés par les textes européens dans les modalités d'application. L'Europe est accusée par les professionnels de ne pas s'opposer à ces mesures unilatérales et de ne pas faire de contrepropositions pour défendre les transporteurs, de plus en plus pénalisés financièrement: plus "d'un milliard de dollars en mise initiale puis 730 millions par an pour les armateurs....entre 5 et 10 par an pour les clients du fait des surcoûts liés aux retards!"
Pour ce qui est des menaces, le tableau ci joint, extrait de l'article, localise sur la carte les points sensibles susceptibles d'être affectés par:

  • le risque sécuritaire avec la piraterie maritime: une localisation plus précise sur cette carte satellite de l'ICC (International Chamber of Commerce), du département des affaires maritimes, montre bien que l'Asie du sud est et les côtes est de l'Afrique sont les plus touchées,
  • le risque terroriste susceptible d'affecter les canaux de Panama et de Suez ainsi que le golfe persique,
  • le risque sanitaire avec la flambée de la grippe aviaire, comme l'indique la dernière mise à jour en date du 18 mars dernier de l'Organisation Mondiale de la Santé,
  • le risque souverain qui pourrait amener l'Iran à décider de pratiquer des sanctions commerciales à l'encontre de certains pays.

La mondialisation des échanges augmente bien sûr les risques de tous ordres, mais ne faudrait il pas que l'Europe procède d'abord à une analyse fine des menaces pouvant réellement peser sur ces secteurs du transport afin de contraindre l'administration américaine à adapter ses réglementations excessives à la réalité de la menace pour que l'économie mondiale "déjà éprouvée puisse continuer à fonctionner" normalement?


Religion musulmane et finance: une alliance sans risque?

March_obligations_islamiques4692747 ...Un marché porteur, en tout cas, comme le précisent les quotidiens économiques français la Tribune et les Echos, comme le montre l'illustration ci jointe extraite de l'article, dans leurs éditions des 26 et 27 février derniers. Se référant l'un et l'autre à une récente étude de l'agence de notation Moodys, ils observent le bond de 71% des émissions de sukuks (obligations islamiques) à près de 33 milliards de dollars en 2007. Une progression qui devrait se poursuivre de l'ordre de 30 et 35% par an.
Pour être acceptés et souscrits par la communauté musulmane, les produits dits islamiques doivent être compatibles avec les règles de la charia: "interdiction de percevoir un taux d'intérêt, de spéculer...nécessité pour une transaction financière d'être fondée sur un actif tangible (immeuble, aéroport, terrain etc.)", interdiction d'investir dans des industries liées au jeu, à l'alcool, ou à la transformation du porc. La conformité de ces produits est validée par un comité d'oulémas, théologiens musulmans, comme le précise un article des Echos de septembre 2006. Les émissions sont aujourd'hui surtout lancées à partir des pays du golfe, d'Asie (Malaisie, Indonésie). L'Afrique s'y intéresse, le Soudan en particulier. Outre les sukuks, les trois instruments les plus courants de la finance islamique sont la Moucharaka, la Mourabaha, l'Ijara.
Ces éléments sont précisés par le journal économique hebdomadaire les Afriques dans son édition du 28 février au 5 mars, qui annonce ,en page 5, que le premier forum mondial sur la finance islamique va avoir lieu à Casablanca en avril prochain. Le Maghreb serait de plus en plus intéressé par des produits financiers répondant à une forte demande des populations mais aussi d'autres pays comme la Gambie, la Mauritanie, et Djibouti qui possèdent déjà leurs propres banques islamiques.
Les pays occidentaux commencent à manifester eux aussi leur intérêt pour ce type de produits. Le Japon serait sur le point d'émettre un sukuk souverain. Le premier ministre britannique aurait déclaré vouloir faire de Londres, la capitale mondiale de la finance islamique: il a organisé un referendum sur le sujet en février dernier et fait procéder à des aménagements de la loi (Stamp Duty Land, financial act de 2007).
Cependant, précise l'auteur de l'article des Echos, ce marché à l'avenir prometteur pourrait être menacé par des divergences d'interprétation du Coran. "Certains religieux du Bahreïn critiquent ...ces produits, estimant qu'ils n'en respectent pas les principes".


Risque pays: les prévisions pour 2008.

Am08leadersimage_2 Lors du dernier Forum mondial de Davos qui s'est tenu du 23 au 27 janvier 2008, les experts du monde entier se sont exprimés sur tous les risques qui peuvent menacer la planète en utilisant une typologie presque aussi complète que celle qui est préconisée par l'auteur de ces lignes depuis dix ans(!). Le rapport global détaille risque par risque en comparant avec l'an passé, ce qui est attendu cette année, sur les plans géopolitique, économique et financier "systémique", scientifique et technologique, climatique et environnemental, énergétique, sociétal. Les prévisions ne sont pas plus optimistes que l'an passé à la même époque. L'incertitude sur le court et moyen terme est aussi grande qu'elle l'a été depuis dix ans, tant sur le plan économique où personne ne peut prédire comment va réagir l'économie mondiale face à la crise actuelle, que sur le plan géopolitique où une escalade des tensions est à craindre sur les zones de conflits en Iran, en Irak, en Afghanistan. De nombreux tableaux complètent l'ensemble des évaluations et leur donnent toute leur crédibilité. La conclusion met en exergue l'absolue nécessité d'une concertation et d'une action globale qui prenne en compte dés à présent les risques sur le long terme: l'inaction ne fera qu'affaiblir notre capacité à faire face aux nouveaux défis qui nous attendent.


Risque informatique: panorama de la cybercriminalité en 2007

Surveillanceordinateuraa042956getty Le Club de la Sécurité de l'Information Français (C.L.U.S.I.F) vient de publier son panorama de la cybercriminalité en 2007. Comme l'indique dans une excellente synthèse le Journal du Net, d'où est issue l'illustration ci jointe, le mot "sophistication" pourrait caractériser cette année, avec en particulier un exposé des menaces sur les nouveaux mondes virtuels très convaincant. Ce qui fait la valeur d'un tel panorama c'est qu'il a été réalisé en collaboration avec des entreprises privées (AIG, MacAfee, CERT-Lexsi, Orange...) et des organismes publics spécialisés dans la lutte contre la cybercriminalité (Police Judiciaire, Gendarmerie Nationale, Sûreté du Québec...). Conçu selon un plan mettant bien évidence les caractéristiques des menaces, chaque partie est conclue par une webographie précise.
Font donc l'objet de développements particuliers:

  • les mondes virtuels, dominés par l'appât du gain,
  • la volonté de déstabiliser, de perturber avec une analyse des attaques en réputation (affaire Castlecops), du hacking, de l'espionnage industriel (sur Mc Laren et Ferrari, Renault et Mc Laren, vols de secrets de fabrique des sociétés DuPont et Duracell), des opportunités de malveillance et de renseignement autour des réseaux sociaux, par la captation et la diffusion de données personnelles et confidentielles,
  • la sophistication des attaques,
  • les enjeux malveillants sur le e-commerce, avec les fraudes aux cartes bancaires via Internet, les escroqueries sur les sites d'enchères, via le "carding, le cashing (escroqueries ou circuits de blanchiment), le skimming" à l'échelle européenne,
  • l'évocation des faits marquants de l'année comme la cyberguerre en Estonie ou les cyberattaques chinoises dont il faut selon les auteurs relativiser la portée, les enjeux de sécurité sur les infrastructures de type Scada.

Le détail de tous ces éléments peut être directement téléchargé sur ce lien vers le site du CLUSIF.


Risque sécuritaire: la fraude au hit parade des actes criminels en entreprise

Images_dalton "La fraude reste une menace importante pour les entreprises avec un coût toujours très significatif": c'est la conclusion globale à retenir de la dernière et quatrième étude 2007 du cabinet PriceWaterHousecoopers, consacrée à la criminalité dans les entreprises en France, en Europe et dans le monde. Cette étude  , réalisée en collaboration avec l'agence allemande TNS-Emnid  et l'Economy and Crime Research Center de l'université Martin Luther de Halle-Wittenberg, met en exergue un certain nombre de conclusions dont voici les principales:

  • la fraude touche toutes les catégories d'entreprises,
  • la fraude reste l'un des risques majeurs: 43% des entreprises mondiales sondées ont reconnu en avoir été victimes dans les deux dernières années,
  • parmi les fraudes les plus répandues, les cas déclarés de corruption se trouvent au 3ème rang au niveau mondial,
  • aucun secteur n'est épargné: celui de l'assurance est le plus touché avec des pertes évaluées à 3,2 millions d'€ par entreprise, pour une perte globale tous secteurs confondus estimée à une moyenne de 1,7 millions d'€,
  • dans les cas de fraudes les plus sérieux, une fois sur deux, un salarié de l'entreprise est coupable,
  • la fraude existe de façon significative dans les pays émergents: 7 concentrent la moitié des pertes financières observées au niveau global; il s'agit de l'ensemble des pays regoupés sous l'appellation "Groupe E7": Brésil, l'Indonésie, Chine, Inde, Mexique, Russie et Turquie,

L'intérêt de cette étude, outre qu'elle détaille la méthode utilisée pour parvenir à ces résultats (plus de 5400 entreprises sondées) est qu'elle met en lumière des facteurs rarement mis en évidence, que de nombreux graphiques illustrent les démonstrations, et que des solutions sont proposées pour tenter d'enrayer ces phénomènes criminels.

A noter que de nombreux journaux ont fait état de cette étude et que le quotidien économique français les Echos en a fait une analyse fouillée dans son édition du vendredi 23 novembre dernier (article payant).